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  • Photo du rédacteurSwanee

Mon Concours de Machines 2022

Dernière mise à jour : 7 oct. 2022

La Petite Reine Nègre.

Comme Marianne, on a du mal à l'imaginer noire, La Petite Reine. Mais ce nom s'est imposé à moi en réaction à toute cette histoire autour de la couverture #32 du magazine 200. Pour rappel, c'est celle où l'on voit Matthieu, le directeur artistique de la revue, sur son vélo, poursuivi par des petits écoliers Rwandais en uniforme, lors d'une course au Rwanda. L'intention n'est pas de choquer, mais de questionner. Est-ce qu'en 2022 on a encore envie de voir ce genre de cliché, même si cela existe? Surtout quand on sait que le Rwanda est en train de devenir une nation cycliste. On aurait préféré voir un cycliste noir, Uhiriwa Byiza renus par exemple. Vous imaginez le poids du message, surtout si en plus à l'intérieur il y avait eu son interview! Oui, j'ai envie de voir des cyclistes noirs en couverture de magazine, des noirs sur des vélos en train de pédaler.



Un montage basique, robuste et efficace.

J'y suis allée à reculons à ce concours. Parce que je n'avais pas la trésorerie, et parce que je manquais d'envie. Il faut dire que l'Association des Artisans du cycle a fait du Lobbying, «Swanee, on a imposé des pilotes femmes cette année, il faut que tu sois là, ce serait dommage en tant que cadreuse que tu ne concours pas, blablabla....» même que mon nom était sur l'affiche alors que je n'étais pas encore inscrite. Mais après la lecture du cahier des charges, j'ai été vite inspiré par certains points qui me semblaient accessibles, le poids, le passage des câbles, la peinture, le badge de douille et le serrage de selle. J'ai rapidement commencé à dessiner et j'ai soumis mes premières idées à Stéphane, mon compagnon. Tout est devenu alors possible puisque j'avais décidé de faire avec ce que j'avais, et qu'il s'avérait que j'avais presque tout. La géométrie de «La Petite Reine Nègre» est celle de mon cyclo-cross Kona, sur lequel je me sens parfaitement bien. Les pièces ont été démontées sur un vélo à Stéphane, qu'il n'est pas prêt de récupérer. A part les pneus, la chaine, les étriers de freins et la guidoline, rien n'est neuf. Le choix des freins patins était aussi pour alléger l'ensemble. Un montage basique, robuste et efficace. Accessible au plus grand nombre. Pas de peinture. Quand on sait qu'elle allait être jugée par un professionnel, c'était un peu risqué. Mais c'était pour moi l'occasion d'expliquer en réel avec un exemple concret, mon travail sur la patine.



J'ai voulu un vélo à mon image, athlétique.

La petite Reine Nègre a un head badge martelé. Une couronne taillée à la disqueuse, qui ressemble à des montagnes. Celles qui se dressent dans nos vies et que l'on choisit de franchir malgré. Pas de serrage de selle apparent, ce qui donne à la jonction haubans tige de selle, cet aspect minimaliste et épuré. J'ai sacrifié une tige de selle Thomson pour élaborer un système d'expandeur qui fera le serrage par le haut, à travers la selle. Le cadre est sombre, car j'ai joué sur les nuances et les subtilités des reflets qui varient à la lumière naturelle. Le triangle avant est composé de tubes au diamètre identique, et le tube horizontal est droit, une esthétique des années 80 que j'apprécie beaucoup. J'ai voulu un vélo à mon image, athlétique. Je l'ai roulé pratiquement 3 semaines, assez pour me sentir prête. Rester à mettre mon mental à l'épreuve, car de ce côté-là, j'étais plutôt en carence. Un 200 réalisé en bonne compagnie 15 jours avant le Concours, pour me rassurer, cela faisait 2 ans que je n'avais pas fait une telle distance. Rien que le nombre «200», me donne mal au cœur désormais.... J'ai terminé mon dossier, validé et payé les 250 € d'inscription la veille de partir à Roubaix.

Un appétit trop brièvement retrouvé

220 kilomètres de course, avec au programme un mixte de Paris Roubaix et du tour des Flandres. Nous sommes parties à 5 h. Stéphane, comme prévu a attendu quelques minutes avant de s'élancer. Nous étions 12 au départ je crois. L'allure a augmenté dès la vélo route au bord du canal, c'est-à-dire, pratiquement dès les premiers kilomètres. J'ai eu quelques secondes d'hésitation, avant de décider de rester au contact des premières. Je savais que je n'allais pas suivre, je me suis dit que je profiterais du train jusqu'au premier mur Belge. Même si des relais s'organisaient, car devant Fanny s'était échappée, je n'ai pas participé. Passer la frontière, je me suis retrouvée seule. J'étais 4e. Le nez dans mon GPS, j'ai conservé un bon rythme. J'étais bien, tellement, que les montagnes russes du début de parcours, je ne les ai pas senties. Au premier ravito j'étais avec Caminade. Je les ai laissés partir en espérant les rattraper. Il y avait Alain Puiseux aussi. Une journée avant de venir au concours, il m'annonçait qu'il me virait du magazine... là, il m'a demandé si j'étais tombée. La veille, il nous avait offert une bière à Stef et moi, indirectement, car il les avaient déposées avant de filer […] Bref, nous avons repris la route, moi devant, et Steph quelques mètres derrière.


Le mental et le moral s'étaient fait la malle

Dans une descente, je me suis rendu compte que j'avais loupé une route. J'ai fait demi-tour, jusqu'à retrouver le chemin qui longeait un champ de patates. A midi, un orage, doublé d'une tempête, nous a trempés. C'est à ce moment que Stéph a décidé de se mettre devant. Après le flanc, le coca, et la trouée d'Arenberg avalés avec un appétit trop brièvement retrouvé, j'ai eu envie d'abandonner, au bout de 12h de selle, jusqu'à ce que nous retrouvions Emma et Garance, qui roulent en Pariah, à 20 kilomètres de l'arrivée. La boue avait tout rendu plus dur. A chaque secteur pavé je devais choisir de rester dessus, ou de prendre le fossé devenu liquide et collant. Être secouée, ou m'arrêter tous les 10m pour débourrer. Le mental et le moral s'étaient fait la malle! Je voulais être chez moi, près de mon fils. Finalement, et grâce à la bienveillance de mes compagnons, je suis arrivée. Nous avons fait le tour du Vélodrome, et immortalité le moment. J'ai joué à la passionnée émue par le lieu, mais en vérité j'étais surtout heureuse que ça s'arrête.





L'amertume ajoutée à l'amertume

Ensuite, c'était salon pendant 2 jours. Le dimanche on remettait les récompenses qui étaient annoncées nombreuses. Vous êtes venus me voir pour que je vous raconte l'histoire de la «Petite Reine Nègre». Vous qui semblez être inspirés par ma manière de travailler, vous qui avez été choqués tout comme moi par la couverture #32 du magazine 200 et qui avez tenu à me le témoigner. Votre enthousiasme était communicatif et m'a permis de rester éveillée. C'était vraiment agréable de vous voir me porter autant d'intérêt. Mais je n'ai pas reçu de prix, et je suis déçue. Surtout que je n'ai toujours pas mon classement dans les différentes catégories. C'était ma 4e participation, la 3e en tant que pilote artisan femme. C'est idiot sans doute, mais j'attendais plus de reconnaissance, de considération. Je suis partie découragée, vraiment. Je ne participerai plus au Concours de Machines avant très longtemps. L'eau coule sous les ponts, et l'amertume ajoutée à l'amertume me fait l'effet d'une anesthésie. Et malgré le public qui m'a fait bon accueil, je sens que quelque chose est cassé.

Toujours est-il, qu'avec Stéphane nous avons réussi à boucler ces 220km avec très peu d'entraînement, et que mon vélo, aussi modeste soit-il, m'a amené au bout de l'épreuve. A peine plus de 10kg à la pesé, avec le matériel de réparation. Je suis assez fière de moi et de tous ces encouragements que j'ai reçus. Je n'ai pas pu parler avec Alain, comme je l'avais prévu, c'est dommage. Le dimanche il n'était pas à son stand. Voilà, il me reste les souvenirs, même si on ne peut pas me les prendre, j'avoue qu'ils ont désormais une saveur étrange.

Règlement du Concours de machine 2022

https://www.associationartisansducycle.com/concours-2022-francais

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